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Le bruit : comment les Français le perçoivent

Article créé le jeudi 07 août 2008

Conformément à ses engagements européens, la France s’est dotée en juin 2004 d’un premier Plan national santé environnement (PNSE). Dans ce cadre, l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) a présenté les résultats de son premier Baromètre santé et environnement. Cette vaste enquête fait le point sur les attitudes, opinions et comportements de la population française en matière d’effets sur la santé des facteurs environnementaux. Un échantillon de 6007 personnes, âgées de 18 à 75 ans, représentatif de la population française, a ainsi été interrogé sur les principaux enjeux de santé environnement : pollution des sols, pollution de l’air extérieur, pollution de l’air intérieur dans l’habitat, tabagisme passif au domicile, monoxyde de carbone, radon, produits ménagers et cosmétiques, eau de baignade, eau du robinet, légionelles, bruit et téléphonie mobile.

La vingtaine de pages du chapitre consacré au bruit apporte de précieux enseignements sur la perception du public en matière d’effets sanitaires liés au bruit, de nuisances sonores ressenties dans différents cadres de vie, de pratiques des loisirs bruyants, d’attitudes préventives et d’opinion sur la responsabilité des différents acteurs en matière de lutte contre le bruit. Si le bruit n’est pas considéré comme un facteur important de risque pour la santé (seule une personne sur cinq considère que le bruit constitue un risque très élevé pour la santé en général), en revanche, les deux tiers des personnes interrogées s'estiment bien informées quant aux effets du bruit sur la santé. Quant à la responsabilité de la lutte contre le bruit, la moitié des enquêtés considère qu’elle reste l'affaire de chacun d'entre nous, quand un quart désigne plutôt les pouvoirs publics, et un sur six les maires. Cette opinion est corroborée par la proportion élevée (60%) de personnes se déclarant prêtes à payer 10% plus cher des appareils ménagers moins bruyants pour améliorer la qualité de leur environnement et de leur santé. Selon l’enquête, 14,6% des Français seraient gênés souvent, ou en permanence, par les nuisances sonores à leur domicile. Toutes sources confondues, plus de la moitié des personnes interrogées mentionnent des nuisances sonores à leur domicile. Quelles sont les principales sources de gêne ? La circulation routière (26,9% de l’échantillon total), les bruits de voisinage (conversations, cris, pas, télévision, musique, aboiements, appareils électroménagers, etc., pour 22,0% de l’échantillon) et les deux-roues à moteur (9,2% du total de l’échantillon). Viennent ensuite les autres bruits de la rue, les avions et les transports ferroviaires. Cette gêne est plus fréquente dans les habitats collectifs urbains, et très liée à l'insatisfaction à l'égard du logement et du quartier. Sur le lieu de travail, maintenant, les Français semblent relativement exposés au bruit : 39,7% des actifs occupés sur cinq estiment que leur environnement de travail est bruyant. Les ouvriers de l'industrie sont beaucoup plus exposés (75 %) que les professions libérales (17,1 %). Une relation statistique s’observe entre l’exposition au bruit sur le lieu de travail et au domicile. Ce résultat, conjugué au fait que les personnes qui disent travailler dans un environnement bruyant vivent dans des logements collectifs plus petits et situés plus souvent à proximité d’activités ou d’infrastructures bruyantes (chantier, autoroute, etc.), tendrait à s’expliquer par l’existence d’un phénomène de cumul des nuisances sonores au domicile et au travail. Concernant les pratiques correspondant au temps de loisir, huit pour cent des personnes interrogées déclarent utiliser un baladeur au moins plusieurs fois par semaine. Un tiers d’entre elles admet régler le baladeur à un volume sonore élevé. Au total, un jeune âgé de 18 à 25 ans sur dix écoute régulièrement de la musique sur son baladeur, à fort ou très fort volume. Au cours des douze derniers mois, la moitié des enquêtés est allée à un concert, en discothèque, ou a joué de la musique à un volume sonore élevé. Mais la plupart (78,8%) sans prendre de précautions particulières. Ces expositions volontaires semblent se cumuler, la fréquentation des concerts, discothèques ou la pratique musicale amplifiée allant de pair avec l'usage régulier d'un baladeur à un volume sonore élevé. Interrogés sur les conséquences éventuelles du bruit sur la santé, les enquêtés, pour un quart d’entre eux, déclarent avoir déjà senti les effets du bruit ambiant sur leur santé. Sans que ce soit une surprise, cette réponse est liée aux nuisances sonores ressenties : la proportion d’enquêtés disant avoir déjà ressenti les effets du bruit sur leur santé est de 55,2% parmi ceux qui se disent gênés à leur domicile. Ce pourcentage est aussi plus élevé chez les diplômés, les cadres et les professions intermédiaires. Enfin, il est intéressant de noter que 18,4% des personnes interrogées n’ont jamais fait contrôler leur audition. Cette proportion est plus importante chez les femmes et chez les agriculteurs, et atteint un tiers parmi les 65-75 ans.

Ces résultats montrent qu’une partie de la population cumule les situations d’exposition dangereuses, à savoir l’utilisation du baladeur à fort niveau sonore, les concerts et discothèques, la pratique d’un instrument de musique et un milieu de travail bruyant. Cette population fortement exposée est également la moins prédisposée à prendre des précautions pour protéger son audition. Ajoutons à cela le fait que le contrôle de l’audition, qui permet le diagnostic précoce des déficits auditifs, ne relève pas d’une pratique régulière. Conclusion des auteurs : l’exposition au bruit est une question de santé publique d’autant plus préoccupante qu’elle concerne davantage la population jeune. Par ailleurs, les résultats semblent confirmer que le bruit participe indirectement à la persistance des inégalités sociales de santé. D’une part, les nuisances perçues au domicile concernent davantage les couches de population résidant dans des habitats collectifs urbains exigus et situés à proximité d’installations bruyantes ou polluantes ; d’autre part, l’exposition au bruit sur le lieu de travail concerne surtout les ouvriers de l’industrie qui, précisément, habitent plus souvent dans des logements collectifs très exposés aux bruits de voisinage ou à ceux de la circulation routière. De plus, ces expositions objectives peuvent elles-mêmes être aggravées par une plus forte sensibilité au bruit résultant d’une insatisfaction à l’égard d’un habitat à la qualité de vie dégradée. Enfin, s’ajoute encore le fait que les moins diplômés sont davantage susceptibles de se soumettre à des expositions volontaires aux musiques amplifiées sans prendre de précautions particulières. Quant aux nuisances sonores relevant de l’incivilité, les auteurs l’attribuent plutôt au voisinage et aux deux-roues. Or, les nuisances sonores de voisinage sont celles qui sont le plus étroitement corrélées avec l’impact ressenti sur la santé, davantage que le bruit des transports (avions ou trains). Ce qui, selon les analyses menées par les auteurs, explique pourquoi la lutte contre le bruit reste considérée comme une affaire individuelle.Baromètre santé environnement 2007 – Institut national de prévention et d'éducation pour la santé – C. Menard, D. Girard, C. Léon, F. Beck – 2008 - ISBN 978-2-9161-9205-5

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